Située dans le département de l’Atacora, la ville de Kérou (commune du même nom) se trouve à moins de 70 km du Burkina Faso, à 130 km du Niger et du Togo, à un peu moins de 180 km du Nigéria et à environ 650 km de Cotonou.
La portion de la RN8 depuis Banikoara (Alibori) n’étant pas goudronnée, idem depuis Djougou (Donga), Kérou n’est atteignable que très difficilement, surtout durant les six mois que dure la saison des pluies, ce qui fait d’elle une ville extrêmement enclavée. Cette région du nord Bénin, excessivement pauvre, souffre fortement de son isolement : la vie y est plus chère, les biens de première nécessité ne sont souvent pas disponibles; de plus, les conditions climatiques sont très dures (saison sèche caniculaire avec des maxima au-dessus de 40°C, et saison pluvieuse avec des précipitations extrêmement abondantes) et l’accès à des infrastructures étatiques déliquescentes reste compliqué.
D’un point de vue ethnique, Kérou est essentiellement habitée par des Baatonum, des Peuls ainsi qu’une importante population de Gando, que l’on retrouve également dans une grande partie du nord-est du Bénin. Les Gando sont des descendants d’esclaves – mais également d’« enfants sorciers » – jadis asservis par les Baatonum et les Peuls, qui ont peu à peu gagné leur liberté et trouvé une place dans la société. Néanmoins, ils restent peu intégrés et se plaignent du manque de considération auquel ils doivent continuellement faire face (p.ex. lorsqu’ils doivent se rendre dans les hôpitaux ou à l’administration publique).
Ici – comme malheureusement dans une grande partie du pays – la plupart des familles ne parlent pas le français (ou du moins pas suffisamment pour permettre des échanges même simples), tout particulièrement chez les Peuls et les Gando. De plus, au sein de ces deux ethnies vivant essentiellement du pastoralisme et de l’agriculture, l’utilité de l’école est loin d’être acquise, voir même reniée, surtout en ce qui concerne les filles qui ne sont que rarement scolarisée au-delà des premières années du primaire.
Dans les concessions vivent tous les membres d’une même famille, anciens et plus jeunes partageant l’espace commun – entre les chambres – où l’on fait aussi bien la cuisine que la lessive. // Kérou – 2019
Retour des champs. // Kérou – 2019
Centre-ville de Kérou // Kérou – 2019
Wassou – à gauche – est circonciseur. Après être intervenu cinq fois dans le village durant la journée, il pose en compagnie de ses amis. // Kérou – 2017
Vie familiale trépidante. // Kérou – 2019
Homme gando rencontré en périphérie de la ville. // Kérou – 2017
Fin d’après-midi, un dimanche, sur la voie qui traverse Kérou. Bien qu’une grande partie de la population soit aux champs en cette saison – à 30 ou 40km en dehors de la ville – le marché s’anime tout de même, malgré le peu de denrées à proposer. L’enclavement de Kérou ainsi que le mauvais état des voies menant aux grandes villes de la région sont responsables des prix exorbitants que doivent affronter les habitants. // Kérou – 2019
Vendeuses de tomates. Le marché ayant lieu tous les quatre jours, la grande place le long de la voie est quasiment déserte en dehors de ces moments d’effervescence. // Kérou – 2019
Bergers Gando. Descendants d’esclaves et longtemps marginalisés, les Gando se plaignent du manque de considération auquel ils doivent continuellement faire face (p.ex. lorsqu’ils doivent se rendre dans les hôpitaux ou à l’administration publique). Habitant en périphérie des villes, ils vivent essentiellement de l’agriculture et du pastoralisme. // Kérou – 2019
Les jours de marché, le centre-ville s’anime. // Kérou – 2019
Orage sur la ville. À la fin de la saison des pluies, Kérou subit de violents orages et de fortes précipitations, surtout en début de soirée et durant la nuit. Pendant cette période de l’année, les voies deviennent difficilement praticables et les véhicules s’embourbent fréquemment rendant les trajets interminables.
Centre-ville de Kérou, en cette fin de journée, des hommes effectuent leurs ablutions avant la prière du soir. // Kérou – 2019
En fin de journée, la voie entre Kérou (Atacora) et Banikoara (Alibori) est particulièrement fréquentée, malgré son piteux état en saison des pluies. Les motos quittent la ville pour regagner les campagnes environnantes et croisent ces deux femmes Gando rentrant du marché. // Kérou – 2019
Fin de partie tendue qui déterminera le vainqueur et animerai les discussions de ce début de soirée. // Kérou – 2019
Petite fille jouant sous le métier à tisser de sa maman. Réputées pour leurs étoffes bariba, les tisserandes du nord Bénin produisent des pièces, en coton, réalisées sur des métiers verticaux ou horizontaux. Aux coloris sobres et aux motifs géométriques, les pagnes sont portés tous les jours et très demandés lors les grandes occasions, comme la fête de la Gani, à Nikki.
Appartenant à un collectif de 50 femmes, ces Gando – descendants d’esclaves Bariba – participent à un projet de jardins coopératifs et autogérés. Un terrain, ainsi que de l’eau, ont été mis à leur disposition par une fondation locale; les récoltes servent aux familles et les surplus sont vendus au marché. // Kérou – 2017
Pudiques mais souriantes, trois vendeuses de riz « local » espèrent un client à servir… En arrière plan, un conducteur de zémidjan (moto-taxi) profite d’une courte pause avant de reprendre du service. Les « zem » comblent les lacunes en transports publics et permettent aux Béninois – indépendamment de l’état des routes et de l’heure du jour ou de la nuit – de se rendre dans n’importe quel coin de la ville, pour quelques centaines de francs CFA. // Kérou – 2019
Vendeuses de beignets de la voie. // Kérou – 2019
Une école primaire a été construite à côté des jardins communautaires destinées aux femmes du village. Cette stratégie permet d’encourager la scolarisation des enfants Gando dans cette zone très isolée. // Kérou – 2017
Bord de voie. // Kérou – 2019
Les anciens palabrent sur leurs nattes devant les maisons, moments d’échanges où l’on parle de tout et de rien… // Kérou – 2019
Partie de dames, un après-midi d’octobre. // Kérou – 2019
Fin de journée au marché. // Kérou – 2019
Dans le quartier des forgerons, les artisans s’activent du matin au soir. Ventilé à la main (à gauche), le four porte le charbon à incandescence et permet de travailler le fer. Sous le couvert de branches sèches où règne une chaleur insoutenable, les forgerons martèlent sans relâche pour réaliser des outils agricoles qui seront vendus sur le marché voisin. // Kérou – 2019
Invitation chez Sounon Kurigui – roi des forgerons. // Kérou – 2019
Vendeur de pacotilles sur le marché de Kérou. En cette saison il n’y pas grand chose à vendre, la plupart des stands n’ont même pas ouvert. Beaucoup sont aux champs et la « morosité économique » frappe durement le pays. // Kérou – 2019
Goula Soumé est la présidente d’un collectif de 50 femmes Gando à Kérou. Elle explique avec tristesse que lors d’une assemblée de collectifs villageois à Natitingou (préfecture de l’Atacora), elle était là seule à avoir eu besoin d’un interprète et à ne pas avoir pu prendre la parole librement. Regrettant d’être analphabète et de ne pas parler français (la langue nationale), elle a recueilli quelques enfants du coin qu’elle envoie à l’école avec ses filles. Honteuse lorsqu’elle aborde le sujet, elle s’illumine en avouant son rêve qui serait d’apprendre à lire et à écrire… // Kérou – 2019